Tous les (bons) guides ont
un côté bien utile qui est de nous proposer une
importante somme d'informations sur ce qui est
édité, disponible, épuisé ; sur
les titres, les dates, le personnel, etc. Tout ceci est
très bien à l'exception des quelques oublis ou
erreurs inévitables qu'il ne faut pas trop critiquer
même si l'on (les spécialistes) enrage parfois.
Non, même dans leur imperfection, les (bons) guides
sont d'indispensables outils de documentation.
Là où le principe du guide devient
insupportable, c'est quand les rédacteurs commencent
à donner leur avis (souvent très dogmatique)
sur ce qui est bien et ce qui l'est moins ou ne l'est pas du
tout. Qui sont ces distributeurs d'étoiles qui se
permettent de vouloir nous guider dans nos choix alors
qu'ils ne connaissent ni nos goûts, ni notre humeur,
ni le fait que nous ne supportons absolument pas le son de
l'orgue Hammond ! Qui sont ils pour décider que, pour
tel artiste de renom, tel disque est bon et tel autre
à éviter ?
Non, ceci n'est pas très sérieux. Surtout que
chaque guide a un classement qualitatif différent
pour les enregistrements d'un même musicien. Ceci
prouve bien que ce choix ne peut être que subjectif,
et c'est bien ainsi. J'ai déjà
rencontré des critiques qui adoraient ce que je
détestais. Quand on est informé et que l'on
connaît leur nom et leurs goûts, c'est
déjà plus facile. Il suffit souvent d'aller
à l'encontre de leur choix pour trouver son bonheur,
quoiqu'ils ne soient même pas toujours constants dans
leurs amours. Je n'ai pas dit que les Éditeurs
avaient tant d'influence !
Non, en écrivant ceci, je pense à tous les
amateurs "découvreurs" du jazz. Ceux qui ne savent
pas qui est qui, ni si Untel est Hawkien ou Lesterien et qui
s'en foutent. Ceux qui n'ont que leurs oreilles et leurs
émotions pour découvrir.
A ceux là, je dis :
Attention aux guides, attention aux bibles !
Il vaut bien mieux, pour
créer ou développer sa discothèque,
faire confiance à un ami (si il a une collection
éclectique et l'esprit ouvert qui devrait aller avec)
ou, et c'est aussi bien, à un (vrai) disquaire qui
deviendra vite un ami. [Disquaire ne signifie pas, dixit
Dicos, marchand de disques, ni gestionnaire de
linéaire. Le Disquaire est (devrait être),
avant tout un amateur et un connaisseur du jazz, pour ce qui
nous concerne. Il doit pouvoir conseiller sur tous les
styles et toutes les époques. C'est celui qui vous
dira " Non, ce disque n'est pas pour vous (pour le moment) !
" car il connaîtra vos goûts et vos limites,
sans perdre de vue l'idée de les faire reculer avec
le temps. Bref, le disquaire est votre ami. Évidemment, il
vend aussi les disques qu'il conseille, mais il ne le fera
pas au détriment de votre plaisir d'écoute. Si
c'était le cas, signalez le aux services idoines et
brûlez sa paillote !] Ils sauront donc, ces amis, en
partant d'un seul disque que vous aimez, vous en faire
écouter un autre avec un lien logique avec le
précédent, puis un autre, et encore un autre.
Quand vous aurez une petite pile que vous commencerez
à digérer, il sera temps de continuer dans la
même ligne et aussi en faisant de petits pas à
droite et à gauche vers la découverte. Si
votre ami "guide" est à l'écoute de vos
réactions, vous aurez très vite besoin
d'Ikéa pour les étagères... que vous
paierez avec l'argent économisé sur l'achat de
guides qui ne feraient que nuire à votre tension
artérielle par certaines critiques incendiaires de
disques que vous adorez, et aussi vous donner envie de
meurtre en découvrant que ce guide de m... ne cite
même pas Untel et Untel que vous idolâtrez... Keep
cool et avancez avec les amis. Les guides c'est bon pour les
routards (Pub gratuite).
Par contre, à défaut de guide, si vous
êtes curieux et studieux, une bonne
encyclopédie vous aidera à mieux
connaître les musiciens que vous découvrirez.
Ce n'est pas indispensable. On peut aimer un musicien sans
connaître ni sa date de naissance ni sa couleur de
peau (cela peut éviter certaines idées toutes
faites). Par contre, si vous craquez vraiment pour un
musicien, c'est une discographie qui vous aidera grandement
à le suivre au cours de son évolution.
Si vous atteignez ce stade, attention, vous êtes au
seuil de la collectionnite dont le premier symptôme
est l'envie de trouver quelque chose dont vous connaissez
l'existence mais que vous ne possédez pas !
Ne me tenez pas responsable de vos futurs problèmes
de rangement, de conflits familiaux, d'angoisse en attendant
le résultat d'enchères, de dates de
conventions qui tombent pendant vos vacances, de
colères envers cet abruti qui à trouvé,
sous votre nez, le disque que vous cherchez depuis dix ans,
etc.
Je ne veux pas vous décourager, je veux juste vous informer... amicalement.
Tiens, juste un exemple,
au hasard : The
Penguin Guide To Jazz de Richard Cook & Brian
Morton
Voici la liste des
indispensables que ces deux messieurs proposent pour le
"voyage sur l'île déserte", parmi les milliers
de disques qu'ils critiquent dans leur guide de plus de 1
200 pages. Comme quoi, il vaut toujours mieux lire
attentivement la sélection des auteurs avant de les
suivre. Certains choix sont vraiment significatifs...
Bien sûr, tous les goûts sont dans la nature et
le choix de chacun est souverain mais seulement pour
lui-même. Dès qu'il s'agit de propager la
"bonne" parole, un minimum de prudence, pour ne pas dire de
décence, s'impose. Je ne polémiquerai pas sur
leurs choix "jazz". Ce serait déjà une opinion
personnelle et donc subjective !
Mais je proposerais, sans difficulté, plus facile et
plus jazzant que le Trio Ganelin, Edward Vesala ou le fameux
Alexander Von Schlippenbach dont vous aurez du mal à
trouver le disque "Pakistani Pomade" même chez votre disquaire
préféré. Sans parler de quelques autres
choix qui sont limites dans une si petite sélection...