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5.14. La Rumba 

Par Jéremie Nassif.


La Rumba, c'est la musique et la danse inventée au dix-neuvième siècle par les esclaves qui travaillaient dans les ports de La Havane et Matanzas à Cuba. Les instruments employés sont des caisses en bois appelées “cajon” et diverses petites percussions qui accompagnent de nombreux chanteurs. Dans les cours d'immeubles "SOLAR", de véritables virtuoses jouent les tambours, chantent et tous les habitants des environs viennent danser. Sans tabous, le cavalier envoie des signes explicites vers le sexe de sa partenaire qui fait mine de faire un rideau avec ses mains pour se protéger. Chaque chant est un petit poème dont le dernier couplet est une morale que les participants reprennent en chœur. Les textes font souvent référence à la douleur de la servitude et de l'oppression, à la dureté du travail dans les champs de café et de cane à sucre. C'est l'expression de l'humanité de ceux à qui on l'a refusait.

Trop brute pour être vendue comme une marchandise de grande consommation, la Rumba a toujours dû se marier ou se travestir pour plaire hors du ghetto. Jamais vraiment entendu par l'industrie musicale bien qu'elle ait influencé le jazz, le hip hop, le flamenco, le tango... Son message est souvent politique. C'est un appel à renverser un système inique qui a engendré colonisation, déportation et esclavage avec des moyens dérisoires que seul le talent de ses interprètes rend sublime.

Au départ, le rythme est plutôt lent ; les tambours accompagnent le chanteur qui commence avec des onomatopées pour donner la tonalité au chœur puis chante sans se presser le thème musical, racontant une anecdote. Subrepticement le rythme monte, s'échauffe tout doucement comme si on remontait un ressort. Le chanteur conclue en appelant le chœur, lui demandant de reprendre sa conclusion. C'est le moment où le ressort est lâché. Le chœur devient comme un percussion supplémentaire et les tambours s'enflamment. Le chanteur improvise entre les interventions des choristes, puis les rappelle de nouveau pour qu'ils raccourcissent leur phrase et redonnent une impulsion supplémentaire avant la fin.

La Rumba, c'est vraiment une affaire de passion. Les rumberos engagent avec plaisir leur vie dans quelque chose qui ne leur apportera jamais d'aisance matérielle, mais qu'ils se sentent absolument obligés de faire vivre et de transmettre ; faute de quoi leur identité disparaîtrait.

© Copyright 2006, Jérémie Nassif.




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