BYARD
LANCASTER IN PARIS
24 octobre 2002, aux Sept Lézards
avec :
Gilles Marc DARDENNE, piano
Benjamin DUBOC, basse
Olivier RENNE, batterie.
Lancaster/7
Lézards/Affiche
1.
Le couple de curieux s'est
arrêté devant les affiches qui masquent un peu
l'intérieur du club. Ils sont très parisiens. " Le 24 et le 26, Byard Lancaster donne deux concerts
exceptionnels."
" --- Qu'est-ce qu'ils jouent comme musique ? " pense la
femme tout haut.
Je me tiens aussi devant les affiches.
" --- Du jazz. " Je m'attire un premier sourire vague. Je ne
m'adressais qu'à elle, d'ailleurs. Mais elle n'a pas
un sourire assez vrai à mon goût. Or, un vrai
sourire - est plus beau que n'importe quelle jolie
femme.
" --- Du free jazz. " Encore ce sourire. Je me
rends compte qu'ils m'ont sans doute à peine entendu.
Ils sont très parisiens. Ils s'éloignent. Je
me console en me disant que je n'y suis pour rien.
2.
" Free jazz ? I hope it is
paid jazz ", dit avec un grand
éclat de rire M. Lancaster qui veut bien discuter avec nous
quand la salle s'est vidée. Grâces à mon
anglais limité -c'est Gilles Dardenne qui m'explique
le mot. Voilà comment un musicien traite
l'étiquette qu'on lui colle ; voilà, pourquoi
pas, un élément de réponse à ce
vieux débat : pourquoi les musiciens free se sont
toujours méfié de cette
étiquette-là...
3.
Faute de mieux, pour
l'heure, utilisons quand même l'expression pour le
présenter : Byard Lancaster joue free. Mais, comme le
remarque Benjamin Duboc, le bassiste, à la fin de la
deuxième soirée, sa musique est
complètement et naturellement " dedans ", la
formation joue straight : enfin, Byard Lancaster ne joue
pas out, comme on disait dans les
années 60. C'est-à-dire qu'on peut rattacher
cette musique au connu, il y a toujours un rythme
reconnaissable, l'instrumentation d'ailleurs est classique :
mais, justement, les musiciens nous emmènent
ailleurs. Comment cela ?
Si je le savais... J'aimerais bien y réfléchir
ici.
Je vous dois toute
l'histoire, d'abord.
Byard Lancaster est né le 6 août 1942. C'est un
musicien de Philadelphie et il est très
attaché à sa ville. Ainsi, à la fin des
années 70, il s'implique dans une maison de jazz qui
s'appelle tout naturellement : Philly Jazz, au catalogue
aussi précieux que rare : son propre album,
Exodus, qui est une de ses plus grandes
réussites, un " objet " à la
réalisation duquel il a apporté le plus grand
soin, de la musique à la pochette, où il
expose les principes d'une hygiène de vie "
libératrice " ; un duo Khan Jamal-Bill Lewis ;
Applecores, un album de la grande formation
de Sunny Murray, Untouchable Factors ; un chef d'œuvre de
Sun Ra, Lanquidity. Point, barre. (Merci de me
signaler tout album qui m'aurait échappé.) Ces
noms sont spécialement ceux qui reviennent à
des moments clefs de sa vie musicale. Byard collabore
toujours régulièrement avec Khan Jamal : il y
a quelques mois à peine, épaulés par
les fidèles Omar Hill et Dwight James, autres
musiciens de renom autour de Philadelphie, ils ont
tenté avec succès un cross-over entre free jazz et spoken word, qui est un genre de
poésie/récitatif à mi-chemin des
lectures de poésie (caractéristiques de la
littérature américaine depuis les
années 50) et le rap. Improvisation libre et
improvisation vocale : ce mélange est une
première, et nous avons tout lieu de souhaiter que
l'expérience sera poussée plus avant
(African Rhythm Tongues, Jambrio,
2002).
Byard Lancaster est
à New York dès les premières
années 60. Après de solides études
(Shaw University, Berklee College of Music, Boston
Conservatory), il participe aux premières
manifestations du mouvement free, et devient l'un de ses
actifs " propagateurs ", pour reprendre l'expression
utilisée par Claude Delcloo pour le présenter
au public français dans la série Actuel. On le
trouve dans peu de disques, mais tous sont essentiels :
c'est Sunny Murray qui lui fait enregistrer son premier
album studio (Sunny
Murray, ESP, 1966)
; suivent Burton Greene (Presenting Burton
Greene, Columbia,
1966, pub. 68), Marzette Watts (Backdrops for urban
revolution, ESP,
1966, pub. 1968), Larry Young (Heaven on earth, Blue Note, 1966, pub. 1969), Bill
Dixon (Intents and
Purposes, RCA,
1967), sans compter son premier album en leader,
It's not up to
us
(Vortex-Atlantic, 1966, pub. 1968). Il faut ensuite attendre
1969 et un détour par Paris, où il rend de
fréquentes visites à la " colonie "
américaine, pour qu'il enregistre An even break avec Sunny Murray (BYG, 1969).
Comme on le constate : aura sans doute joué contre sa
notoriété la publication
différée de ces disques...
Tous, à part le méconnu Heaven on earth, qui l'associe, outre Larry Young,
à George Benson, sont des disques de free de la
tendance la plus " dure ", où il est le partenaire
d'hommes devenus légendaires : Alan Silva, Henry
Grimes, Clifford Thornton, Kenneth Terroade, Sonny Sharrock,
Robin Kenyatta, Marc Levin. Parallèlement à
cette activité en studio, il fait partie de
l'Arkestra de Sun Ra, et, ce qui n'est
surprenant qu'au premier regard, des groupes de scène
de McCoy Tyner et Herbie Mann (aucun disque n'a
malheureusement fixé sa musique dans leur
sein...).
Au premier regard
seulement : sur l'album de Larry Young, il s'adapte
merveilleusement bien à une musique tournée
vers le groove, mais avec un son plus
épicé et plus reconnaissable que celui de ses
compagnons (cf. les thèmes The Infant et The Hereafter : on n'a jamais mieux
initié, à côté de
toutes les conventions, un chorus.)
Mais déjà chez Sunny Murray, de façon
plus évidente encore chez Marzette Watts, la musique
est de spontanéité, joue sur des ambiances et
des sentiments qui inspirent une certaine angoisse -
où, du moins, l'urgence de jouer se traduit par une
violence exacerbée. Le thème, le tempo
n'apparaissent plus qu'en pointillé, dans une voie du
free-jazz que parachève le Afternoon of a Georgia
faun de Marion
Brown (ECM, 1970). Alan Offstein, dans une critique pour
Coda reproduite dans la
réédition de Afternoon, a caractérisé fort
justement les œuvres de cette lignée. Les
sonorités, tour à tour abrasives ou douces, ne
se soucient plus de plaire, ou, comme dans le bop,
d'étonner l'auditeur par la virtuosité du
musicien : c'est la fin du règne de l'idée, l'idée étant aussi
bien la forme (les gammes, les accords, la structure) qu'une
certaine vision qu'impose le musicien bop de sa musique (son
plus ou moins de maîtrise de la forme en question) et
qui implique qu'il y a une " bonne " et une " mauvaise "
manière de jouer, reconnaître ce qui est " bon
" et ce qui est " mauvais " déterminant la
qualité de l'écoute de l'auditeur. Or, il
s'agit de ne plus s'arroger le droit de juger d'une douteuse
" compétence " de l'auditeur à
apprécier la musique : il faut désormais le
libérer du règne de l'idée
toute-puissante et restrictive, " [the musician] does his
part by [...] restraining himself from conditioning in any
way the observer's reaction ".
En revanche, et au contraire des albums
précités, chez Bill Dixon, Byard Lancaster se
plie à l'écriture rigoureuse de la figure
tutélaire du mouvement free : le processus de
libération initié par le free-jazz est aussi,
on l'oublie trop souvent, esthétique. Le jazz
découvre, avec Dixon ou Cecil Taylor, que la
recherche de la beauté, plus que celle de la
nouveauté, est un élément de la
culture.
Dans ces disques, Byard
Lancaster joue sur soprano, alto, ténor ; il joue aussi du
piano, de la clarinette basse, et de tout un attirail de
flûtes qu'il amplifie. Il attache beaucoup
d'importance à l'amplification, au re-recording
(à l'égard duquel les musiciens de jazz sont
souvent réticents) qui lui permettent
d'étendre son registre : il est pour cela exemplaire
de ce multi-instrumentisme débridé introduit
par le nouveau jazz - l'extension des possibilités
d'un seul homme. Il déplorera beaucoup, lors de son
concert parisien, de n'avoir pas disposé d'un micro
ad
hoc et de n'avoir
pu jouer de flûte.
Bill Dixon, Marzette
Watts, Larry Young ; trois aspects du jeu de Byard Lancaster
: éclectisme free ! Revient alors la formule
consacrée lorsqu'il faut évoquer Byard : "
from the Sex Machine to the Love Supreme ". Ce soir
l'affiche, sur la devanture, la reproduit ; le
Dictionnaire du
Jazz de MM.
Carles, Clergeat et Comolli aussi. C'est Philippe Carles qui
d'ailleurs a recueilli le tout premier ces mots de Byard
Lancaster lui-même, dans une interview pour
Jazz
Mag (n° 221,
avril 1974) : " Je dois jouer pour les gens et leur faire
entendre l'éducation, les connaissances, le temps que
j'ai investis dans ma musique. J'ai étudié
Bach, Beethoven, Schönberg, Miles Davis, la musique
indienne, John Coltrane, Sly and the Family Stone, James
Brown, Ottis Redding... Il y a tout cela dans ma musique. Ce
que je joue s'étend de Love Supreme à Sex Machine, de John Coltrane à James
Brown. " On se rend compte alors que ces expériences
d'apparences très diverses sont l'expression d'une
réelle volonté artistique, celle que l'on n'a
que trop déniée au free-jazz. It's not up to us, symbolique premier album en
leader, est, aux dires de ses possesseurs (l'objet est une
rareté signalée), l'ébauche d'un
premier portrait total de l'artiste : avant-garde et
standards se côtoient et, déjà, rien
n'empêche de démonter les standards comme on
démonte un réveil pour regarder les petites
pièces à l'intérieur, pour ensuite
leur trouver un fonctionnement inédit ; rien
n'interdit non plus de décréter que telle ou
telle séquence d'accords non canonique est un
thème, qui sera exécuté de la
façon la plus classique qui soit, avec pont et
chorus. It's not up
to us, ce titre
est aussi d'une portée tout autrement
symbolique.
Lancaster/JM221/Horace (photo)1
Lancaster/JM221/Horace (photo)2
4.
" Cela ne dépend
pas de nous ", " Ce n'est pas notre tour ". La
volonté artistique, forte, s'accompagne d'une prise
de position qui est politique au sens que donnaient au mot les
Grecs. Si l'étude attentive de l'histoire du peuple afro-américain nous surprend à bien des
égards, c'est souvent en ce qu'elle retrouve une
manière de penser la société qui est
celle des civilisations jeunes mais déjà
développées, comme ce pouvait être le
cas en Grèce : dimension politique de l'existence humaine,
attachement à la Communauté - tous
réflexes de pensée qui ont disparu en
Occident, ce qui a favorisé l'esclavage des noirs,
une communauté étant plus facile à
mettre en coupe réglée que des individus. La
Communauté, c'est la valeur primordiale pour Byard
Lancaster, le motif qui revient chaque fois qu'il s'exprime
sur sa musique, ou mieux, qu'il s'exprime à travers
sa musique. Quand, toujours dans le même interview,
Philippe Carles l'interroge sur solidarité qui
règne entre les centaines de musiciens de
Philadelphie : " Comment se fait-il que les musiciens bop
par exemple, n'aient pas ressenti le besoin d'un tel travail
collectif ? ", la réponse de Byard est sans appel
:
" Ces musiciens ne s'entendaient les uns les autres qu'au
travers de ce qu'ils jouaient. Ils soufflaient, sans
analyser la situation politique qui détermine les
possibilités et les conditions de travail, sans
chercher à vivre comme des hommes informés.
Car cela prend du temps d'apprendre à jouer d'un
instrument, de retourner à l'école, de
chercher d'autres musiciens pour s'entendre avec eux. Nous,
nous ne nous contentons pas de souffler, nous essayons de
retourner en arrière et de comprendre comment la
musique mène le monde. Car le monde est dirigé
par le rythme. Et l'Homme Noir est un maître du
rythme. Notre produit, la musique de jazz, est vendu dans le
monde entier et nous n'en contrôlons pas un pour cent."
" [...] Ce n'est pas une musique de divertissement, c'est la
musique de la connaissance de mon peuple, elle doit aller au
peuple. Il y a aux États-Unis trente millions de gens pour
qui je joue, et la plupart ne savent même pas ce que
représente cette musique - tout comme beaucoup de
gens aux États-Unis ne connaissent pas les lois du
Congrès ou la Déclaration
d'Indépendance. Ils ne savent rien de l'avant-garde,
et pourtant c'est le rythme de mon peuple. Je suis heureux
que d'autres peuples puissent l'écouter, en France,
en Allemagne, à Londres, en Afrique. Cela me rend
plus fort, plus lucide, mais l'essentiel de cette musique
provient de chez nous, et c'est là que je me sens le
mieux, là que je continuerai de me développer
jusqu'à ce que quelqu'un prenne ma place."
5.
Entre 1970 et 1974, il n'a
quasiment pas l'occasion d'enregistrer. La période
est difficile pour les musiciens qui ont participé
à la " deuxième vague " du nouveau jazz (la
génération qui enregistre les disques ESP,
autour de 1965) : beaucoup disparaissent plus ou moins de
l'actualité musicale comme Giuseppi Logan, Marzette
Watts, Kenneth Terroade... Byard Lancaster retourne donc
dans la communauté, à Philadelphie, où
il monte les Sounds
Of Liberation avec
Khan Jamal. C'est un recentrage qui s'avère payant.
Finalement, en France, il impressionne Jef Gilson au point
que celui-ci organise son Paris Orchestra autour de lui, et lui laisse
enregistrer une quinzaine d'album (en l'espace de trois ans
!) pour sa firme Palm. Us, en 1974, ou Funny Funky, en 1976, avec François
Tusques et Steve McCall, sont représentatifs de sa
musique à cette période : thèmes
simples, qui peuvent atteindre un public plus large, voire dansants, mais dont le traitement fait toujours la part
belle à l'improvisation.
On remarque d'ailleurs que le son s'y fait plus dense que
dans les productions des années 60 : Byard Lancaster
a le goût des grands orchestres communautaires, "
familiaux ", goût qui inscrit sa démarche dans
celle des grands groupements free des années 70 comme
l'Arkestra de Sun Ra bien sûr, mais
aussi l'association BAG de Saint-Louis - Black Artists Group - ou le Panafrican Peoples
Orchestra d'Horace
Tapscott en Californie. On peut souhaiter qu'apparaisse un
jour une étude ou, mieux, une histoire de ces grands
ensembles, dont sont sortis la plupart des talents du free
jazz du milieu de la décennie : Arthur Blythe, Julius
Hemphill, Oliver Lake, pour ne citer que les plus connus en
France.
A New-York, sa
carrière reste délibérément
underground : il apparaît aux côtés de
Sunny Murray dans une formation étendue,
Untouchable
Factor
(Over the
rainbow, recueilli
dans Wildflowers, vol.1, Douglas, 1976,
rééd. Knit Classics, 1996 ; il est ensuite
soliste sur l'album Charred Earth, Kharma, 1977). Son engagement
pour les artistes philadelphiens, dont il est l'un des grands
porte-parole, est trop profond pour qu'il cautionne
l'idée que le jazz " se fait " à New York et
New York uniquement.
A Philadelphie, il
s'intéresse de plus en plus à l'idiome
soul-funk, qui fait désormais partie
intégrante de sa musique ; il participe même
aux aventures du free-funk naissant dans la Decoding Society de Ronald Shannon Jackson
(Eye on
you, 1981),
devenant ainsi l'un des passeurs vers le mouvement
M'Boom en jouant avec Doug Hammond et
Steve Coleman (Spaces, Add, 1982, rééd.
DIW).
(Une compilation " d'époque " rassemble une dizaine
expériences très variées captées
en 1979 et qui illustrent toutes les facettes de son talent
: Documentation,
the End of a Decade. Je la signale parce qu'elle est
rééditée par le label Jambrio et en ce
moment régulièrement distribuée
à Paris : on y retrouve Imperial Police, en duo avec Keno Speller, et
A bird eye view of
the world, avec le
violoncelliste David Eyges, peut-être ses plus beaux
thèmes et les plus farouches, témoins de ses
aventures sonores les plus extrêmes, aussi bien qu'un
funk violent, Rib
Crib, avec un big
band typique, tels qu'il en anime encore dans sa ville
natale. Le son de ce CD est vraiment " limité ",
mais, outre qu'il vous permettra de vous débarrasser
de vos encombrants amis audiophiles -poussons-les vers le
tombeau !-, je n'attirerai jamais assez votre attention sur
le fait qu'aussi vite qu'ils sont réapparus, ces
enregistrements disparaîtront pour un temps
indéfini, voire infini, et que la probabilité
de mettre la main sur un original est nulle. Voilà
tant de bonnes raisons que j'en prêterais presque le
flanc aux accusations de mauvaise foi.)
6.
Byard Lancaster a
traversé ces mille aventures avec un son
reconnaissable entre tous, dont la qualité
première est, pour lui pour plus que tout autre
saxophoniste de la deuxième vague free, le
lyrisme, - celui qu'il a
hérité de John Coltrane, toujours violent,
jamais agressif. Cette exploration sans fin des
possibilités de la musique afro-américaine a
connu de nouveaux développements dans les
années 90. Il vient moins souvent en Europe - il ne
se souvenait pas être passé à Paris
depuis quinze ans !- et partage son activité entre
Philadelphie et la Jamaïque, où il enseigne et
où il participe à l'organisation d'un festival
international depuis 1990. " Legends of the Bandstand ",
annonce l'affiche de juin 2002 : Jimmy Smith, Randy Brecker,
Wallace Roney, Donald Byrd... affiche de rêve. Il
espère faire connaître ce rendez-vous en
Europe. Ces années 90 auront donc été
marquées par sa découverte de la musique et
des rythmes de la Caraïbe -une découverte
directe, là où beaucoup de
musiciens se sont contenté de piller Sonny Rollins
à qui l'on doit la première utilisation autre
qu'anecdotique de ces richesses cachées (au public
occidental). (Album Worlds, Gazell, 1993 : à se
procurer de toutes façons pour une version
définitive de My Favorite Things. Un coup d'œil sur les titres
donne une idée des " mondes " dans lesquels vit Byard
Lancaster : Coltrane, la Jamaïque, Horns of
Philadelphia...).
Ces recherches le font encore se tourner vers l'Afrique : il
enregistre au Nigeria un album très coloré,
qui, à l'encontre de tous les clichés qui
accompagnent le musicien free (mais il est bien plus qu'un
musicien free), déborde d'énergie positive
(My Pure
Joy, Black Fire,
1990-1992, pub. 1995).
Très
récemment, on le voit encore se glisser avec
facilité dans l'univers des musiques
improvisées (le projet Mars 2 Earth, un collectif réuni pour
l'occasion, où il s'associe à un
percussionniste, un guitariste dans la droite ligne de
l'école anglaise, et un joueur de... theremin ! -album Red
Planet, Dreambox
Media, 2001), de celles de la jeune génération
afro-américaine (African Rhythm
Tongues,
déjà cité), où livrer un album
mystérieux dans la plus pure tradition de la musique
des années ESP (The Byard Lancaster
Trio, Soultrane,
1999 -disque sans pochette et sans indication de titres,
que je tiens d'ailleurs de M. Lancaster lui-même !).
Il possède aussi son propre label phonographique,
Lancaster Recording, qui annonce pas moins d'une douzaine
d'albums d'ici 2004... Il est question de tout cela sur son
site Internet (<www.byard1.com>), que je vous invite vivement
à consulter.
Julien
Palomo
NOTE : Cet article
ne mentionne que quelques exemples d'une production qui,
participations comprises, atteindra bientôt la
centaine d'enregistrements... et choisis selon un
critère subjectif mais qui est malheureusement de
mise lorsque l'on veut rendre compte de l'œuvre de ces
musiciens : ce sont ceux que j'ai en ma possession !
N'hésitez pas à signaler à notre
attention l'existence de tout autre album digne
d'intérêt - ils doivent être
nombreux.
(La seconde partie de
cet article sera à proprement parler le compte-rendu
du concert du 24/10/2002.)
© Copyright Julien Palomo, 2002.
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