Cher Monsieur.
Nous avons bien reçu votre courrier du 9
septembre, par lequel vous nous appreniez vos
difficultés financières, malgré
l'efficacité de votre travail.
Nous avons donc publié votre courrier sur notre
serveur Internet il y a une quinzaine de jours, en
espérant que cela pourra vous aider (ci-joint un
tirage papier).
En atteignant bientôt 300 000 connexions sur
<http://www.positifs.org/>, nous continuons donc
d'augmenter notre audience ; ce qui laisse espérer
que, parmi les internautes qui nous consultent, certains
réagiront ; mais aussi que cela fera bouger certaines
instances dirigeantes.
C'est la raison pour laquelle nous avons publié votre
courrier dans une nouvelle rubrique mise à la
disposition des associations se trouvant dans une situation
similaire à la vôtre.
Il est, en effet, de plus en plus difficile d'obtenir des
subventions. Plusieurs raisons l'expliquent. Tout d'abord,
parce que de plus en plus de personnes pensent que le
problème du Sida est réglé ! Puis, il y
a le fait que de nombreuses associations utilisent mal les
subventions obtenues : sans parler des détournements
d'argent qui, malheureusement, existent, d'autres
mécanismes vont dans ce sens. C'est le cas, par
exemple, en France où l'association qui reçoit
le plus d'argent en est arrivée à des frais de
fonctionnement qui dépassent 80 % de son budget !
On peut aussi avancer le fait que la situation
économique des pays dits "riches" ne va pas en
s'améliorant ; mais cela ne semble pas être une
raison principale, mais ... un bon prétexte ...
Le plus urgent serait de trouver des solutions pour que l'on
puisse mieux gérer l'argent des subventions, ainsi
que des dons. Côté transparence, cela s'impose,
mais cela ne doit pas devenir un surcroît excessif de
travail qui se fait au détriment des missions des
associations (c'est déjà souvent le cas pour
la réalisation des dossiers de demandes de
subventions !). On pourrait concevoir que les deux rapports
(d'activité et financier) réalisés
chaque année, ainsi que le budget prévisionnel
de l'année suivante, soient accessibles pour toutes
personnes, par exemple sur un serveur Internet
spécifique. Une autre solution,
complémentaire, serait que les subventions et dons
soient attribués à des structures ayant une
taille raisonnable. De ce fait, pour les associations de
grande taille, notamment celles qui sont constituées
de plusieurs fédérations, les dotations
devraient être faites directement à chaque
fédération. Cela permettrait d'éviter
de diluer la responsabilité de l'utilisation de ces
dotations.
Cependant, pour éviter la rigidité du
système (qui, d'ailleurs, existe déjà
!), il serait nécessaire, dans certains cas, que des
transferts partiels de dotations puissent se faire quand une
action devient prioritaire et/ou risque d'être mise en
péril.
Une autre urgence concerne la question, à laquelle
vous êtes cruellement confrontés, du
renouvellement des subventions. Elle consisterait à
empêcher l'annulation du renouvellement d'une action
en cours et qui se déroulerait convenablement ;
d'autant plus pour des motifs extérieurs à
cette action et à son champ d'application.
L'établissement d'une telle clause devait être
impérative pour toutes les subventions provenant des
fonds publics. Pour les fonds privés, cela devrait
aussi être une obligation ; mais cela serait plus
difficile à obtenir car le risque serait de
réduire le nombre et le montant de ces provenances.
Peut-être faudrait-il tempérer cette obligation
de renouvellement en donnant la possibilité que le
montant de celui-ci puisse être, dans certains cas,
amputé d'un certain pourcentage (notamment sur la
base des besoins réels nécessaires à la
poursuite de l'action en cours, mais peut-être aussi
en fonction de la situation économique de l'organisme
qui fournit la subvention).
J'ai développé la réaction à
votre courrier car, en plus de la gravité du sujet,
ce problème des subventions s'est posé
à nous plusieurs fois depuis la création de
POSITIFS. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous
avons dû tant développer le
bénévolat, avec tout ce que cela comporte
comme implication personnelle.
Concernant nos activités, la suspension de nos
subventions pour notre journal a fait que nous ne pouvons
plus l'adresser à l'ensemble des personnes auxquelles
il est habituellement distribué (diffusion gratuite
pour la plupart). Pour notre serveur Internet et notre
service de réponses aux courriers, nous arrivons
à nous en sortir grâce au
bénévolat et ... à un certain
engagement financier de notre part ! C'est "le prix à
payer" pour nous garantir une liberté d'action. Par
contre, pour notre "Fonds d'Aide Rapide" (FAR), le seul
bénévolat ne suffit pas puisque son objectif
est de fournir de l'argent. Depuis un mois, nous avons
épuisé les deux premières subventions
(près de 100 000 FF) qui nous ont permis d'être
opérationnels depuis janvier 98. Et nous nous
épuisons à faire et refaire des dossier de
demandes de subventions, à attendre "le bon vouloir"
d'organismes de subventions. En parallèle, certains,
notamment des ministères, n'hésitent pas
à nous dire que les dotations faites aux organismes
en place, et aux associations (souvent toujours les
mêmes, les plus médiatisées ...) sont
suffisantes ; ce qui est totalement faux (les courriers des
personnes qui nous contactent, y compris des services
sociaux, en témoignent).
Cordialement.
Docteur Gilbert MAURISSON
Secrétaire général de POSITIFS
et Responsable du Serveur Internet
<http://www.positifs.org/>
© Copyright association POSITIFS, France, 1998.